Voici un article publié dans le magazine GENERIQUE(S) n°17, à l'occasion de la sortie en DVD de la saison 12, le 27 août prochain. Cet article ne reflète pas mon opinion, qui est très différent à l'égard de cette saison que je juge de bien moins bonne qualité que les précédentes.Toujours en forme, Urgences renouvelle ses intrigues en accueillant de nouveaux personnages et en s'ouvrant aux malheurs du monde, sans changer pour autant une formule parfaitement huilée. - par Caroline Veunac -
Et c'est reparti pour un tour de garde. L'hôpital, c'est comme les repas de famille : on s'en fait toute une montagne mais une fois sur place, on trouve ça plutôt confortable. Pour ceux qui ont fréquenté les Urgences de la grande époque et adoré ça, retrouver le Cook County a la saveur familière d'un retour à la maison. Avec ses motifs invariables (gestion du planning, apartés dans la pharmacie, débats de méthodes au pas de course...) et son mille-feuilles bien dense d'enjeux privés et professionnels, la vénérable série a atteint un équilibre si solide que rien ne semble pouvoir la déstabiliser.
Apprentissage chaotiqueVoici donc un nouveau cycle, avec son lot d'internes mal dégrossis supervisés par nos amis Neela, Ray et Abby. Désormais résidents, ils doivent encore faire leurs preuves pour pouvoir prendre seuls des décisions de vie ou de mort. Comme leur vocation est aussi noble qu'eux sont imparfaits, leur apprentissage est toujours digne d'intérêt. D'un Ray parfois désinvolte, hésitant entre le rock et le bistouri, à un Morris si avide de reconnaissance qu'il en devient exaspérant d'obséquiosité, on les aime surtout pour leurs défauts.
Le contrat est également respecté sur le front personnel. Morris drague sur Internet, exhibe ses doubles tétons, joue à chien et chat avec une chirurgienne acariâtre et se retrouve papa de quatre enfants d'un coup, alimentant le versant comique de la série. D'autres traversent des situations dramatiques, à commencer par Neela, qui épouse Gallant pour le voir aussitôt repartir en Irak ; Pratt, qui tente de renouer avec un père fantôme ; Sam, son fils fugueur et son ex derrière les barreaux ; ou Weaver, qui hésite à tourner le dos à son handicap.
Les sentiments vont bon train, mais toujours avec cette touche réaliste qui évite l'excès mélodramatique. Dans Urgences, les histoires d'amour sont des romances adultes, qui ont fait le deuil des contes de fées. Ce qui n'explique pas tout à fait pourquoi les femmes ont tant de mal à s'engager avec Kovac, le prince charmant croate...
Ultime ingrédient du pot-au-feu : la galerie de patients, où l'on croise pêle-même une mère allaitant son fils de six ans, un grand brûlé plus vrai que nature, un réveil après six ans de coma, un vieux prêt à inventer n'importe quelle maladie pour ne pas passer Noël tout seul, et même un adorable bébé chimpanzé.
Nouvelles têtesAux valeurs sûres s'ajoutent de nouvelles têtes séduisantes, qui redynamisent le show. Entre Clemente (nerveusement interprêté par John Leguizamo), brillant docteur ravagé par une relation passionelle et des problèmes de drogue, et Eve, la walkyrie embauchée pour manager les infirmières, les urgences n'ont pas le temps de somnoler. On croise aussi John Stamos dans un rôle de secouriste qui deviendra récurrent, et des guests plutôt classes, au premier rang desquels Danny Glover et James Woods. Le spectacle est garanti par quelques séquences chocs, comme ce crash d'avion qui évoque tout à la fois Lost et le 11 septembre.
On aime moins la partie africaine, qui voit Pratt rejoindre Carter pour une mission au Darfour. Si ce n'est le plaisir de retrouver un ancien pilier de la série, le pamphlet contre le génocide s'avère lourdement didactique. Même réserve sur l'évocation maladroite et superficielle de la guerre en Irak... Mais faire du digest politique fait partie des missions de cette série authentiquement populaire tendance planning familial, qui sensibilise son public à la mammographie et à la vaccination.
Avec ses dialogues enlevés et son harmonie presque parfaite entre comédie et émotion, Urgences reste un très bon drama/